CLUB des UTILISATEURS du JAO SYSTEME

HISTOIRE DU TRAIN JOUET (2ème partie)

Septembre 1999

Paru dans bulletin N°12 de septembre 2000

Résumé : Dans les années de l’après-guerre, les trains électriques sont les jouets les plus prisés de la jeunesse. Ils sont faits de tôles lithographiées pliées. Le zamac fait son apparition dans les bogies et les locomotives. Le courant continu permet l’inversion des trains depuis le transformateur.

Figure 1 - La mythique 141 P 1 de JEP :une locomotive extrêmement rare aujourd’hui

dont le prix peut dépasser les 30000 F.

 

La 141P 1 de JEP :

Avec la sortie de la CC 7001 en 1952, JEP avait déjà proposer une locomotive qui sans être rigoureusement à l’échelle avait une belle facture. JEP étudia une locomotive de grandes lignes à tender séparé qui sortit des usines de Montreuil en 1957 Ce fut une machine exceptionnelle : la 141P 1 référence 6075LT au catalogue.

La reproduction était exacte, la caisse en zamac était très fine, l’embiellage exact et elle possédait deux moteurs AP5 liés mécaniquement. Le fonctionnement se trouvait particulièrement doux et puissant. Le silence de fonctionnement impressionnant. Cette marque de jouet populaire venait de sortir un produit qui s’approchait le plus des maquettes faites par des artisans à la main et vendues à des clients fortunés. Avec cette superbe machine, JEP venait de faire un progrès considérable laissant loin derrière son rival Hornby avec ses BB 13001 et 9201 pourtant bien dessinées, mais il n’y avait pas malheureusement qu’un " mais " hélas mais beaucoup de " mais " :

  • Son prix : 27500 F. ancien soit presque un mois de salaire d’un ouvrier moyen en 1957. Bien trop cher pour un jouet populaire
  • Sa conception en zamac alliage de plomb et d’acier très fragile très friable et ne résistant pas dans le temps. Beaucoup de 141P victime de la maladie du métal sont tombées en poussière.
  • Rien à mettre derrière cette machine en dehors des wagons en tôle dont la conception remontait déjà à 20 ou 30 ans en arrière et qui jurait avec la belle vapeur.
  • L’arrivée d’un redoutable concurrent, l’échelle HO avec Jouef qui proposait en matière plastique des voitures et locomotives plus finement reproduites et surtout tenant bien moins de place et à des prix très attractifs.

Peu de 141P furent construites en définitives (environ 2 à 3000), elle a toujours été vendue séparément et jamais incorporée dans une boite de train.

JOUEF et la Fin du Tin Plate

L’échelle H0 était restée dans le domaine du modélisme haut de gamme avec des marques prestigieuse comme Märklin, VB, Antal, MMRG, RMA. Ces productions en zamac fragile s’adressait à une clientèle adulte et fortunée lorsqu’un fabricant utilisant la matière plastique se mit à fabriquer en grande série des trains bon marché fonctionnement sur une pile 4.5 volts dissimulée dans un poste d’aiguillage.

Les avantages étaient évidents :

  • Gaine de place considérable, le train pouvait être posé sur une table
  • Utilisation de roue en plastique permettant l’alimentation par les deux files de rails et supprimant le rail conducteur central
  • Même non encore à l’échelle reproduction bien plus fine et plus exacte des voitures
  • Moulage des voitures et wagons permettant de faire ressortir bien plus de détails qu’avec la tôle et utilisant une main d’œuvre moindre. Des prix très attractifs souvent inférieures au " 0 "

Au cours des années de 1960 à 1970, Jouef ne cessa de progresser, les rails à ballast plastique furent remplacés par du vrai profilé, des aiguillages électriques virent le jour, locomotives, voitures, wagons se firent de plus en plus beaux, de plus à l’échelle, le train jouet se dirigeait vers l’âge adulte du modélisme. Pendant ce temps notre JEP avait bien vieilli et n’intéressait plus personne. Les dirigeant de la SIF décidèrent d’arrêter la fabrication des trains en 1964. Les stocks considérables de la marque furent écoulés jusqu’en 1968 date à laquelle la marque JEP disparue. L’usine de Montreuil laissa la place à une autre industrie qui ne travaille pas pour le Père Noël.

Adieu train jouet ! On regrettera son bruit particulier, ses essieux tolérants pour les voies mal posées, son odeur de jouet neuf. Son cadet de toute beauté strictement à l’échelle exige des voies posées au niveau, et refuse de fonctionner si son chemin n’est pas parfaitement propre. Une partie du charme est parti avec la fin du Tin Plate.


Figure 2 - Même moteur pour ces quatre locomotives série économique en tôle

derrière série luxe en zamac

Les collectionneurs et le Tin Plate aujourd’hui

Si la majorité de ces jouets ont disparus, jetés ou détruits, la production a été telle qu’il reste encore un volume non négligeable de train JEP LR ou HORNBY en circulation. Les collectionneurs sont en principe des personnes de plus de 40 ans qui achètent les pièces qu’ils n’ont plus se faire offrir durant leur jeunesse et qu’ils ont vu dans les vitrines des mythiques boutiques du "passage du Havre ". Il en existe même au dépôt de Paris.

Au début de la décade de 1970, le Tin plate s’achetait pour une bouchée de pain, disparu des magasins spécialisés train, il restait des stocks chez les petits marchands de jouets qui étaient tout heureux de trouver un amateur pour les débarrasser. Pour moins de 50 F. on pouvait avoir des voitures et wagons absolument neufs en boite d’origine. Une locomotive pour environ 200 F. Souvent lorsqu’on achetait un nombre important de pièces, le commercent offrait des accessoires, signaux, aiguilles également neuf. Cette période est révolue et le Tin Plate se trouve désormais sur le marché de la brocante.

Figure 3 - La 141P en tête d’une rame de voiture de 35 cm,

la qualité des voitures n’est pas à la hauteur de la machine

Je ne ferais aucun commentaire sur l’honnêteté des brocanteurs et des marchand de jouets anciens. Il existe un marché avec des boutiques spécialisées et surtout des salles des ventes. Les prix peuvent varier considérablement selon le lieu géographique et la pièce recherchée.

Les ventes les plus connues sont celles de galerie de Chartres qui organise deux fois par an des ventes aux enchères. On y trouve tout. On peut dénicher la perle rare si on y met le prix, car ces ventes sont connues de l’Europe entière et l’on vient parfois de très loin. On retrouve la hiérarchie social des constructeurs. On peur acquérir des BB en tôles pour 500//700F . Des locomotives en zamac pour 2000/3000 F Même les beaux transformateurs dépassent les 1000 F. Un colis de 40kg de rails en fer blanc s’est vendu 2000 F. Pour les pièces rare c’est une autre affaire : aux ventes du mois d’avril, deux 141P JEP ont été vendues l’une 35000 F l’autre 38000F (ce qui avec les frais de ventes mets l’une des machines à plus de 40000 F. Un collectionneur a acquis pour 200 000 F de JEP ! (ce n’est pas moi mais j’ai laissé en partant un chèque de 15 000 F quand même). Dans ces enchères les CC 7001 bimoteurs sont partis dans les 7000 F sauf la dernière qui n’avait plus d’amateurs pour enchérir, je l’ai prise pour 3200 F. ! !

On peut également faire de très bonnes affaires dans les salles des ventes de province. Il faut tomber au bon moment pour acquérir des lots à des prix très bas au milieu du mobilier de la vaisselle et autres bibelots, mais plus le temps passe plus ces occasions seront rares.

Le matériel acquis dans ces conditions est bien sur sans aucune garantie de fonctionnement. Dans la majorité des cas, un peu d’huile de vaseline et posée sur la voie, la motrice repart comme au premier jour après 30 ou 40 ans d’inactivité, le rêve est revenu, il n’y a que notre jeunesse qui elle ne reviendra pas !

Jean-Pierre CHABERT

 

Documentation : Cent ans de train jouet de Clive Lamming

L’histoire des jouets JEP

Photos : collection JP CHABERT

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Réalisation de la page : Yves Brochard.